mercredi 14 septembre 2011

Lever du jour

Mon pouls est une radio qui crache des gris et des bleus dans le lever du jour.

La ressemblance entre chacun d'eux (les levers du jour) c'est qu'ils se fondent entre eux pour ne plus faire qu'une année, qu'une décennie. Il ne nous reste, pour chacun d'entre eux, qu'une chanson dont on ne retient, finalement, que le refrain..

En me redressant sur ma chaise, en contemplant l'horizon au delà des vitres sales. J'ai réalisé que tout cela n'avait pas l'importance qu'on lui apporte.

Ce matin sombrera, comme un autre, dans cet abime qui existe en chacun de nous.

samedi 10 septembre 2011

La baie de Campêche


La beauté de l'eau tombe depuis le toit, depuis le ciel gris.

La pluie.

Sur les vitres, sur les portières.  

Sur tes lunettes et sur tes jeans. 

Pour toi, le ciel n'est plus qu'un tricot tordu par terre. 

Peut être, une des plus charmantes choses, ces moments que l'on cautionne dans notre esprit comme autre chose. 

Tous à la recherche d'une arche quelque part. Prononcer ces quelques mots. Pour y mettre ce qu'il faut sauver. La pluie et le ciel de tes mains.


mardi 6 septembre 2011

Après tout...



On aura mal appris. Les choses.


Le vent, la pluie: Tout ça. On aura mal appris, on aura mal fait quelque chose. Omis une quelconque manoeuvre. Dans la pluie et le vent, mais on aura mal appris quand même. 


Rien que de se prendre la tête à deux mains. Enterrer l'amour, le romantisme, le tragique et le comique. Fuck you je lui aurai dit.


Il y a de ces déluges qui vous emportent. Il y a de ces faux phares qui s'emparent de votre chair de votre sang, de vos tremblements et de votre cervelle...Il y a ces champs de terre ou poussent tranquillement des idées bonnes ou mauvaises, se dorent les heures tranquilles. Il y a de ces moments ou l'on se dit, après tout: Je lui aurai dit.
...

jeudi 23 juin 2011

Le jour sans ciel



Nous pouvons sourciller, sourire d'une mort lente. Dire bonjour toujours de la même manière.


Parfois le ciel n'est qu'une habitude dont le fil est usé, rond. Qui glisse sur l'aspect des choses sans jamais en entamer la pulpe.


Il faut mettre la cartouche.  Attendre le froissement des draps. Puis, bénir la chance.


Quelque chose que ta comprenure, semblable à un vase ou pousse quelque chose peut encore espérer, dans ces jours sans ciel.


..

mercredi 22 juin 2011

Sensé pleuvoir

Les papillons jaunes, qu'on voit brièvement, sont d'une beauté rare. Ils apparaissent captant la lumière brièvement, puis sont comme certains souvenirs. Fugaces. Fragiles. Disparus. Ouvrant à chaque battement d'ailes des portes éclatantes, ternes, mornes, rebelles.

Une fois éloigné de la maison, au milieu des champs et de l'air frais. Là, sur le chemin gazonné, des dizaines et des dizaines de papillons jaunes qui s'envolent devant mes pas.

C'est une marche nuptiale, dans un après midi d'été. Je me rappellerai toujours cet après-midi morne. À jamais.

               ...

lundi 20 juin 2011

L'orpailleur

Le café se lasse dans ma bouche. Mes yeux qui peuvent pourtant voir le monde extérieur, scrutent mes pensées, une à une...

La lumière concasse les surfaces, lisses, molles, planes. Et tout ce qui est minuscule, lent, continue à croitre au travers. Comme le vieillissement, comme l'immaturité.

Comme le cliquetis de mon cerveau, une quincaillerie à part, que je laisserai un jour à une vente de garage peu commune, où il y aura des souvenirs, des choses à revoir de l'intérieur, sous une voûte, un ciel quelconque. Quelle composition (couleur, aspect) aura le ciel ce jour là? J'espère simplement qu'il ne sera pas trop chargé. Qu'il y aura encore de l'essence.

Que certains puissent y prendre un peu de recul, un peu d'arythmie, un vent pour mettre dans leur cervelle. Question d'y ajouter une cassure, une vibration, un clink-klanc quelconque pour faire résonner leur partitions abimées les yeux fermés.

dimanche 29 mai 2011

Lù chez Elle

En avoir ou pas

Ok, mon vieux. Soyons francs. Il faut que je te dise quelque chose: ça revient toujours à une simple question de couilles. En avoir ou pas. Voilà. C'est aussi simple que ça. Un truc à la Hemingway peut être, mais n'empêche. Parfois tu en as. Parfois tu en manques. Et c'est cool comme ça. Mais quoi qu'il en soit, il faut que tu saches t'accrocher. Il faut que tu soit capable de donner le change. Il faut que tu fasses comme si tu les avait toujours ces foutues couilles. Même si par malheur tu est en panne de couilles. Même si par malheur tu les as coincées au fond de la gorge.Ça arrive. Si tu n'est pas prêt à ça, prépare toi à te casser sérieusement la figure. C'est comme ça.

Avoir des couilles, c'est ce qui permet de te battre, d'affonter la vie la garde haute, d'en prendre et d'en donner, plein la geule. Foutu machisme, hein? Et puis mon vieux et c'est peut être là le plus important, avoir des couilles, c'est aussi être fidèle aux gens que tu aimes coûte que coûte, beau temps, mauvais temps. C'est être capable de te tenir debout malgré les tempêtes et les vents qui soufflent parfois très fort. Avoir des couilles, bien sûr que ça sert à monter sur un ring, à sauter en parachute, à affronter des taureaux. À se la jouer Conan le barbare. Mais si tu n'est pas un homme capable d'aimer femmes et enfants, de s'émouvoir devant la beautéé ou la détresse du monde, de s'émerveiller à la moindre petite putain d'occasion, désolé, tes couilles elles valent rien. Que dalle. Nada. Fuckin nada! Tu sais mon vieux, ça reviendra toujours à ça. Que tu le veuilles ou non, on y coupe pas, on y coupera jamais. Faut vivre avec. Et il faut que tu te dise que ce sera toujours à toi d'être l'homme que tu mérite d'être. Avec. Ou sans tes couilles.

Article publié dans Elle Québec, par le comédien Patrice Godin dans une série d'articles sur la définition de la masculinité.

lundi 9 mai 2011

Les parfums des alentours.

Les odeurs de la nuit sont presque parfaites. Il y a le parfum des alentours. Les parfums de l'air frais et de la pluie.

Les odeurs de la nuit sont sentimentales.

...

Ma chine


Je lève mon pied, aux croix sur le bord des routes, aux machines agricoles. Aux pylônes. À tout ces espaces balayés par la pluie et le vent. Aux plaines qui dégrisent. Aux champs de maïs, aux ponts traversant des rivières chargées du contenu des coteaux. 

Un motel où je pourrais m'arrêtter, rêver quelque temps.  Un môtel avec un restaurant. Oeufs, bacon, patates, café. Où je pourrais écrire et manger. Toute cette pluie, ce vent.  Le monde attendra. Je veux un abat-jour avec en dessous une lumière et peut être un mini-bar et encore peut être,  si je suis chanceux, une peine d'amour. Un serrement au coeur. 

J'aime la sensation au petit matin, alors que le soir, puis la nuit de nos coeurs débordent, à coups de souffles et de baisers, même seulement désirés.

Sous le ciel argenté, les lumières des voitures. Où vont-elles sous la pluie légère. Je l'ignore... Les pensées sont des poids lourds qui sillonnent les routes.

samedi 7 mai 2011

Vent 2


Il y a des jours comme ça où on n'a pas la force d'émettre un gémissement. C'est comme une mort subite. On peut se coucher au lit un matin pour ne plus jamais se relever. Le corps plein de vent.

On pose alors la tête sur un oreiller, puis on se laisse aller.

samedi 30 avril 2011

La pulpe des jours

Je m'ennuyait de la pulpe de jours. En contemplant la lumière pâle, au sommet des marches je l'ai posée comme elle m'est apparue. Comme une mise en scène parfaite.  Oui, comme le vent, comme la lumière blafarde; le sentiment d'être là pour un instant trop court, dans une masure  de chaleur, de couvertures et de lumière.



lundi 11 avril 2011

Insenties


Si on voyait comment elles se libèrent dans les flammes, si elles peuvent créer un peu de chaleur finalement.

Et si on mettait le feu à tous ces pâles sentiments, si on testait leur fibre. Ces sentiments qui n’en sont pas. Qui ne sont finalement que des passages empruntés le matin, le soir, sans rien entre les deux. Il y a des passages qui prennent des semaines entières, des années. Ces cimetières des jours  sont recouverts d’une fine couche de cendre. Où les envies mortes sont trop nombreuses. Dispersées. Le drabe n’est pas une couleur, c’est l’absence d’éclat, d’énergie vitale.

Oui, je regardait ce bouquet d’envies que l’on jette aux poubelles pour la raison qu’elles se fannent , que la beauté les quitte. Et que finalement, les senteurs qu’elles portent sont restées depuis si longtemps, insenties. 

mardi 5 avril 2011

Les chevaux du vent...

Le stress est quelque chose de difficile à gérer, pour certains. L'énergie de la vie. Celle qui circule en circuit fermé dans le système nerveux central. Nerveux. Nous sommes un paquets de nerfs. Pas compliqué ça. Il faut se dépenser dans l'action. Travailler de ses mains. La pensée elle tourne à vide, c'est un caroussel qui ne s'arrêtte pas, les chevaux montent et descendent, le caroussel existentiel. Une projection. Même la neige ici, immense, se fait le reflet d'une anxiété vague, sous-jacente. Ce n'est pas comme une peur précise, plutôt un sentiment dont on est vaguement conscient. Un à peu près. 


Certains jours sont parfois comme un no man's land. Un exil du meilleur de soi. Un vague moment qui s'accroche aux heures comme un lendemain de veille. Impossible à cerner dans un coin, c'est partout. Comme les journées de temps gris, le vent. L'humeur est une sorte de météo, une anti-science.


L'immortalité est la trentaine. Pas la vingtaine. On peut s'apercevoir de ses limites. De la longueur du temps. De l'infinité du savoir et surtout de l'immensité de l'ignorance. Oui, comme il est parfois impossible d'écrire dans la poussière lorsque le vent de l'existence souffle trop fort.

samedi 2 avril 2011

Juste...

Les rêves ont ceci de particulier qu'ils débarquent sans crier gare. Comme le printemps fait fondre la neige et exalte les odeurs d'été. D'un coup sec. En fait ce n'est pas le cas, c'est que nos yeux ne sont pas habitués à voir ce qui est progressif, à regarder. On voit surgir les choses comme si elles apparaissaient du néant alors qu'elles étaient là, depuis tout ce temps. C'est comme une trame qui couvre tout, partout où ton regard se pose, embrasse les choses, les sensations en sont enduites.

On peut les respirer, les rêves, lors d'une journée de printemps à Montréal. Le rêve est un espace libre. Il en reste peu. Dans les jours, dans les têtes, même dans la terre.

mercredi 30 mars 2011

La ligne brisée..

Les lignes. Celles de la pensée, celles des structures environnantes, celles de la conscience, des conduites,  celles qui parcourent les images, celles qui attirent. La ligne des courbes. Des reflets de la lumière, les couleurs, celles qui brillent et captivent. Les tissus, ceux des poupées et des couvertures.  La coloration de tes cuisses et l'heure qui prend ses aises. Une plante verte, des rideaux et des fleurs séchées. Le noir mat des chaises bistro et le reflet du jour sur tes cuisses, des ponts de lumière qui suintent sur ta peau. Des ponts de lumière qui sombrent dans le jour.

D'abord l'absence et l'apparition, d'une fine ligne. Celle de toi, sur une feuille blanche. Comme un imprimé, comme ces fleurs bleues et grises, qui jonchent le couvre lit. Comme ta présence, un parfum gris, une promesse achetée au marché des valeurs.

Tout va bien, le vent, le mouvement bientôt, achèveront de tout effacer.

Nos rêves perdus.

vendredi 25 mars 2011

Du miel en bouteille.

Le soleil se couche sur l'étiquette dorée d'un liquide tout aussi doré. les tentures prennent un éclat de brunante. Les berceuses défilent en robe de chambre, toutes plus douces les unes que les autres.  Boudha est content. Et moi aussi.

Le feu crépite. Encore.

dimanche 20 mars 2011

En regardant bien, le temps jaunit

Biscuit chinois:
Les errances sont des proses si particulières, neh?  Il y a des rimes à deux cennes, pourtant, cet endroit sent la langueur et même, en raison de la présence de tout un chacun, un parfum de vanité.
L'exil


Depuis la fête de Notre-Dame-de-Padoue, Sainte-patronne des bègues, il n’avait pas dit mot. Il était là chaque samedi, depuis que sa cote de popularité avait dramatiquement chuté. Certes, il avait voeu de religion mais encore plus du suspense a divinus et il se considérait, entre deux émissions de Cooking channel comme un médecin des âmes. En conséquence de quoi c'est dans un coin qu'il éxonérait ses paroissiens de leur plus graves écarts de conduites. Comme les autres, désormais, il fixe les ailes dorées, qui se préparent pour leur romance habituelle. Lui aussi, n'avait jamais rien vù de tel. Il béni rapidement la chose. Amen.


Allez savoir pourquoi, chaque samedi après-midi, des passants sentant la pepermanne emprunptent les uns après les autres la porte près du stand à t-shirt et celui de l’église de scientologie, désert. La ¨patante¨ ayant également subi une décote dramatique sur le marché du salut des âmes. La poutine n'était pas déjà avalée qu'il y avait foule. Aucune annonce, prélude ou  présentation. il était entendu que l'envolée prendrait place comme à l'habitude.

Selon Bernard, du stand à poutine. Jamais aucun papillon ne s'est échappé. Ni mort, ni vie en effet. Seulement, cette poudre blanche qu'il saupoudre pour recouvrir leurs ailes:
- Si on l'enlève, c'est fini. Si on y touche, c'est la fin, j'penses. 

Le marché aux puces


Il n’y a que quelques endroits où l'on peut trouver des steamés et des fleurs de tricot sur une toile salie, en rouge, gris et jaune. Et il faut pour cela aller chez ceux qui ramassent, récupèrent, collectionnent, trient et apparient. Des gueux, tels les traineux, les rammasseux, les collectionneux…

Les marchés aux puces et autres lieux. Là ou les gens comme il faut vont adopter des objets pour les réhabiliter, les sortir de leur crasse, de leur misère. Oui. Sous le ciel des yeux, les coeurs sont ouverts du samedi au dimanche. Oui, on peut tout y prendre ; des objets faits pour vous, pour moi, des destinés qui se rencontrent. Dieu béni le marché aux puces.

Le miracle


C’est au bout d'un couloir, que l’on pouvait assister à ce spectacle ravissant.  Avec sœur Anne au piano qui chante un air qui emplit les visages simples d'une joie fannée. Tous, les yeux fixés au ciel, la bouche entrouverte. Pendant que Mr Li met en ligne des dizaines de spécimens de papillons jaunes. Dans l’attente, on peut percevoir qu’ils sont fagotés, chacun, d'un message, d'un code, des dimensions particulières d'une même réalité. Sur certains, des regards étonnés, sur d'autres des passions fugaces, des éternuements, des bâillements, autres sensations, insouciances. Dès lors, lorsqu'ils s'envolent dans un seul  élan coordonné et anarchique, la réalité s'étale ; plus vivante, plus vraie. Une mouvance pouvant faire prendre forme, il est vrai, à n'importe quel désir. Pourvu qu'il soit authentique...

Chacun pouvait, sur un bout de papier écrire un désir puis s'installer sur une chaise pliante. Les gens se déplacent de partout pour venir voir une envolée, une surprise, chaque fois. Il lit avec une lenteur particulière, celle, dit-on, des regrets. Un chuchotement et tout s'anime. Comme si l'apesanteur terrestre s’émouvait, les peurs, les angoisses, certains revoyant les papillons qui ont déjà une fois parcouru leur ventre, d'autres la peur qui s'évapore, oui, une fantastique pantonimie... Aujourd'hui on avait vù une clotûre rouillée, la peur de la mort, un soir de spectacle en pleine guerre civile d'Espagne puis une romance d'automne sur les caps de Fatima. Des pleurs et des sourires, à tout coup. 

Nul n'avait jamais vu chose semblable. On entendait des jurons, des prières aussi. Nul ne s'est jamais demandé comment ce spectacle fantastique pouvait exister. Ni pourquoi d'ailleurs. Il suffisait de le voir une fois, une fois de plus.

(soupir)
Librement inspiré de personnages de la rue Marmier, de ma conception romantique de l'ombre du vent et de mes après midi au marché aux puces de Vanier. 


lundi 14 mars 2011

Le monde bascule..


Je prends doucement ma guitare, un geste affecté d'une certaine pudeur. Pas d'objectifs, non. Simplement faire sonner les cordes. Libérer la poussière et faire résonner dans l'air une mélodie.

Entendre sa vraie voix, enfin. Un écrin de notes simples, dépouillées; comme un ruissellement sur un silence. 

Comme cette poussière qui tombe, en suspension dans la lumière. Oui, une mouture de plus en plus fine, un goût plus prononcé pour ce temps qui flotte, qui tangue, comme la lumière dans le Glenmorangie. 

Un deuxième café, des notes de basses appuyées d’accords précis.  Je veux bien jeûner jusqu'à midi  en consommant des notes aussi jolies, sur cet air porté par l'envie. L'envie qui est une toile qui recouvre tout. Embrasse les formes, les objets, embrase mon regard. Une note de plus et le monde bascule, comme la glace qui cède, comme une paroi trop fragile. Comme si des émotions gisant depuis longtemps, dans la glaise du temps, pouvaient se transfigurer: Apparaître, enfin, se dévoiler, sans pudeur.

samedi 12 mars 2011

Les mots, une page tournée

La nuit est un début de délire. De grandes respirations froides les yeux fermés. Comme cet espace blanc, un mourroir à pensées. Le plafond, un écran que l'on fixe en bougeant le bout des doigts ou des lèvres, selon.

Une pause dans la vie, un moment entre deux jours; comme si en passant d'une pièce à une autre on restait suspendu dans le temps. Entre la conscience et l'inconscience.

En fermant les yeux cette fois, je me fait clairement cette réflexion que, comme si en nageant dans le napalm, un homme ne pouvait pas avoir la nausée jusqu'au petit matin. Que les brulures comportent toujours des degrés supplémentaires, inavoués. L'existentialisme ne s'avoue pas, c'est un huis-clos entre une putain, le diable et le bon dieu.

mardi 8 mars 2011

Percer les fleurs, percer le mystère

Si le vent qui les fait flotter pouvait durer. Si la multitude était une sorte de longueur.  Les regarder se retourner, valser, soufflés par le vent oblique. Le cinérama est immaculé, la neige floconeuse, blanche et texturée, satinée. Chaque flocon vient s'ajouter aux autres, ajouter son poids infinisétimal, y absoudre son intimité.

Les écoles doivent être fermées aujourd'hui. Une partie de ma pensée accompagne les petits garçons en pyjama. Un temps dans le temps. Comme si la neige bloquait dans ses bras doucereux les autobus jaunes, les autos, les professeurs. Il y aura peut être le concierge qui fera des cercles sur le planchers mouillés, immenses des corridors lustrés. Peut être qu'il sera plus à son aise qu'à l'habitude, ayant une affinité particulière avec la lenteur.

Que demander de plus? Les quelques souffles profonds qui emplissent et vident l'entièreté de l'espace, accompagnent très bien le vent, l'aspiration dans le poêle à combustion lente. Le crépitement et le souffle. Un sentiment de pleignitude, le café qui s'anime au contact de l'air froid émanant des surfaces (nombreuses) vitrées.

Toute cette neige, épaisse, toute cette immobilité dans tout ce mouvement. Pas de révolution, pas de changement, que le défilement imprécis de millions de particules blanches qui sont saupoudrées de l'autre côté d'un ciel opaque. Les branches qui voletent dans tout les sens, chargées de neige. Les voitures trappées par l'hiver.

Si tout pouvait rester ainsi un long, long moment. S'il pouvait neiger sur mon esprit et avoir le même effet qu'il semble avoir sur le décor, là, au delà des vitres. Un ralenti immense qui fige le malheur, et dans cet écrin d'éblouissement, ma fibre, ce qui reste de ma substance, comme un jardin de fleurs séchées qui reprend forme, un assemblage de ses couleurs, libérées par l'apesanteur.

jeudi 3 mars 2011

Des compositions

On a tous des rôles de composition. Ce qui fascine c'est à quel point on recompose nos vies, on redonne du sens, peu importe lequel. Sans sens on est incapable de continuer a avancer vers la mort. Alors parfois on s'y précipite. On a choisi à gauche, on se dit à quel point on est fier même si on ignore ce qu'il y avait à droite. On se fait croire par soi même et le reste est un jeu d'enfant. On donne du sens pour la résilience. Pour ne pas s'éparpiller jusqu'à ne plus exister. Pour rester une création, quelque chose.

On se donne un rôle dans notre propre pièce, on fait le casting de nos possibles, on crée sans cesse de nouveaux scénarios. Le réel lui, est la pélicule qui capte tout. Les moments morts. Les journées de naufrage dans le frigidaire. Les nuits blanches et les traces de romance sur les fleurs mortes du divan.

On s'imagine: RÉALISATEUR.

mardi 1 mars 2011

Sharpitude

Sharp. comme le désir. Sur le tranchant de tes yeux, la chair rouge d'un organe dégorgé.

Sharp. Une photocopieuse. Comme tes manies, répétées sans cesse.

Sharp, comme une ligne de conduite. Comme la peau de tes cuisses.

Sharp. Comme l'ouverture d'un diaphragme. Comme tes envies dans une nuit folle,

Sharp comme une voiture garée sur un terrain de jeu.

Sharp. Comme la pluie qui lave les vitres.

Sharp comme une chance de marquer, un but dans un filet désert.

Sharp, comme lorsqu'elle lui dit, tu ressemble à Jack the White.

samedi 26 février 2011

Amour oral (remix)



Une caverne ivoirine, un blanc ¨chine¨, cette eau amère, à laquelle on a ajouté de la crème. Noyées les silhouettes, la lumière, la rue, le mouvement du temps. Quelque part, toute cette agitation me ramène contre la chaleur du ventre, ces soirs où à demi endormi, blotti contre ma mère, j’observais le monde caché au milieu des conversations. À nouveau, au milieu du tango des conversations, de l’agitation, de la machine à café, et du bruit des assiettes, je ressens cette même sensation. Cette position privilégiée d’être là sans attirer l’attention.

Toute cette activité et si peu de conscience, si peu. Je sais que les miens (mes instants de conscience), ressemblent aux taches de café qui gisent sur le napperon. Ils s’étendent sur un drap blanc et leur forme rondes imbibent la matière, leur chaleur originelle se dissipe et puis s’évapore…


J'ai l’impression que la folie, toi et moi sommes si près, que l’on pourrait baiser, se lécher, dans  des étreintes si fortes que des éclairs secouraient la rue... Il suffirait de baisser le rideau de mes yeux, et de me laisser aller...Encore ta fougue. ENCORE. Encore le mélange délicieux de ta peau, de la crème glacée et de ta peau, de la crème glacée et...TOI. La vie est parfois un immense bassin dans laquelle les pieds de mon âme font des bouillons. Avec méthode, tu n'y mets que du bon. Il m'est difficile de l'admettre, mais certains types de bonheur sont comme le verglas; sa nature translucide laisse voir que la branche qui le supporte tôt ou tard se brisera sous son poids. Et aussi que, lorsque la crème glacée fond, elle salope les draps.

En attendant, avec toute cette lumière, la rue se baigne et s'ébat. La rue est comme un naufrage, la lumière fait flotter des milliers de petites boites avec dans chacune un souvenir, une photo, un soupir, une extase.  Elles vont flotter et tomber au rebord du monde, qui est plat (sauf pour tes courbes). Et moi,  j’ignore ce que me réserve le  prochain moment, encore d’avantage ceux qui prendront sa place. Je sais que lui (le temps) n’attend pas. Alors je t’aime comme je peux, en attendant. 

dimanche 20 février 2011

Je suis

En vie. C’est une vérité qui est acceptable, c’est une évidence. Les envies, on en a que lorsque l’on vit et en dehors de toutes les conceptions métaphysiques, l’envie est merveilleuse compagne, voluptueuse, immense, intime, douce, rebelle, intelligente, sauvage, loyale. L’envie est fidèle quand on y pense, elle ne nous quitte jamais tout à fait et elle revient, toujours plus forte, plus vraie.

samedi 19 février 2011

Rte provinciale et corbillards

Les lignes au milieu de la rue et celles plus floues; de chaque côté cette brume, comme un rideau épais qui défile sur mon passage. Ça a attiré mon attention, cette silhouette, comme une peinture d'aquarelle dans un livre pour enfant un peu noir. Ces branches sombres, qui s'étalent comme une fissure dans l'air. Au-dessus de la route un corbeau, une étincelle de noirceur. J'aurais juré un décor de cimetière amérindien ( vù dans les vues). J'ai continué encore un long instant; laissant le décor défiler et la brume délaisser la route. Puis j'ai mis les breaks, dérapé un peu sur la glace et filé en sens inverse pour revenir à nouveau dans l'autre direction et m'arrêter. Tâté le siège d'une main pour prendre la caméra en gardant mon regard fixé sur le miroir;  un bout de route humide et la brume indéchifrable à chaque extrémité; rien à faire. Ça ferait une belle photo. Frappé par une van, en première page aussi. J'ai embrayé en première, regardé à nouveau cette image à jamais grise, sur la peinture lisse d'un corbillard qui surgit à pleine vitesse dans l'autre sens.

samedi 12 février 2011

Des petites boîtes

J'aime le principe des boîtes. Chaque individu est un entrepôt, avec à l'intérieur des milliers de boîtes, de tailles diverses. Le temps qui étonne toujours nous permet parfois, d'entre-apercevoir le contenu particulier de certaines d'entre elles. Des boîtes qu'on est fier d'ouvrir et d'exposer et d'autres plus intimes, secrètes, des boîtes défoncés, des cartons dans lesquelles on a déposé des secrets, de la délicatesse. Enfin tout. Quel plaisir d'ouvrir les boites les plus originales, non conventionnelles. Des boîtes ou l'on a déposé une histoire d'amour, un souffle, un baiser imaginé.

L'existence est une petite boite dans l'univers des boîtes. Nous jouons tous à la décorer, la réorganiser, à la façon d'un collage, une façon comme une autre d'enmieuter le monde. Et vous pourrez ouvrir une des ces petites boites, si le coeur vous en dit... Joseph Cornell est un artiste qui a entre autre crée des oeuvres originales avec des boîtes comme principal matériel.  J'y ait trouvé beaucoup de beauté et d'ingéniosité.

www.josephcornellbox.com

jeudi 3 février 2011

Montréal

Montréal

Ce printemps
Le métro est une jupe en fleur
Une tapisserie de parfums, où l’air du temps est
une immense boite à musique

Mon stress américain soufflé par un vent frais
Adossé sur le parvis  de la main
Un sourire me réchauffe encore
Un sourire pour deux jours

Je suis peut être arrivé au temps
Où on ne désire plus remonter
Dans cette marée humaine, mon esprit
Luit, réfléchit dans le soir

La musique, délicate
Et puis, ton image précise, comme un sentiment
Le ciel et l’attente sertie d’envie
La soif de vivre m’a tellement manqué

Écrire en mangeant
Le temps s’est fait seyant
Cet après midi au Mont Royal
Un divan en fleur, du verre et de l’eau et la couleur orange pour distiller l’envie

Le temps brille comme ondée à midi
Comme le sourire, le tien dans mes yeux pleins
Le temps se consume
En amour avec Montréal

Et quand de temps à autre
Le temps se repose dans mes draps
Entre le soir et le matin
Doucement je rêves

Au cinéma du parc
Les chansons nues sont les plus jolies
La vie fatiguée tombe doucement sur le jour fringant
Le silence est ivre du moindre de tes gestes

J'aime

J’aime, la saucisse de charcuterie, les films, la musique et les livres qui sont un trio de rêve, faire et goûter la nourriture, les ballades en voiture l’automne, les ventes de garage et même les marchés aux puces, je t'aime Sophie, les parties de hockey, les couvertures en plumes et les courte-pointe, les ustensiles, les tasses, les chaises dépareillées, les vestes et les jackets, les bottes et les souliers, les siestes en après midi sur le sofa avec la lumière du soleil qui caresse mon visage, les brioches et autres gâteries, les déjeuners plus que tout, avec un café et du temps…Les plantes grasses et les cactus, le travail, les amis, les temps libres, conduire dans une tempête de neige dans une ville inconnue ( plus elle est grosse ou plus elle est petite mieux c’est), j’aime les extrêmes, j’aime les chiens abandonnés, les vieilles machines à coudre, les vieilleries, je t'aime Laurence, les tableaux ( d’ardoise), les antiquaires et les antiquités qui ne sont pas chez les antiquaires ( dans ma valise ou dans une vente de garage), j’aime danser, l’ivresse et l’amitié, la sobriété et l’amitié et tout ce qui a entre les deux. Je t'aime mon amour, j’aime les savons, les bains, les porte feuilles en cuir, les boutons, les vieilles photos, les livres, les bandes dessinées, les parfums, les chats et les chiens ( tout ce qui vit, qui se caresse et qui a du poil et des yeux gentils), j’aime mon fils, j’aime les enfants en général, j’aime la couleur et le nom qu’on donne à la peinture aujourd’hui, j’aime les fruits, le sucre, l’éclat du soleil en janvier (en raison de la neige), Carl,  j’aime les nichons, j’aime l’odeur des cheveux, j’aime l’amour, je t'aime, j’aime l’enfance, l’adolescence, la vingtaine et la trentaine, j’aime les fraises et la crème, la noix de coco, j’aime un combat de boxe, j’aime l’écriture, j’aime les voix ( diverses), j’aime le silence, j’aime la beauté de certaines personnes à qui je pense en fermant les yeux, j’aime l’amitié ( même chose), j’aime….Les vieux piks ups et voitures des années 70, j’aime les motos des mêmes années, j’aime les petits bars, les plages et les tempêtes, j’aime écrire et lire encore d’avantage, j’aime la fête et l’ennui, j’aime la pluie et les jours gris, j'aime les tourne-disques, Luc, j’aime la verdure au printemps et autre temps, j’aime les fleurs et les pots de toutes les couleurs, j’aime les crayons et le papier, j’aime les chandelles et l’obscurité, je t'aime Patrick, j’aime les maisons petites, faites en bois, les maisons en pain d’épices, les vagues, les iles, les montagnes et poins de vue, la campagne et les centre villes, mon Pierre, les vieux édifices, les églises abandonnés, Marie-Ève, les vieux, les exclus, les carcasses de voitures, les boites aux lettres, la crème, les fromages et la chair, j’aime Montréal, j’aime l’eau et la soif, j’aime la vie.

Les vallons et les clotures rouillées, la forêts et les clairières, les nouvelles rencontres et les anciennes, les cimetières, l’automne et le rangement, le désordre…