Si le vent qui les fait flotter pouvait durer. Si la multitude était une sorte de longueur. Les regarder se retourner, valser, soufflés par le vent oblique. Le cinérama est immaculé, la neige floconeuse, blanche et texturée, satinée. Chaque flocon vient s'ajouter aux autres, ajouter son poids infinisétimal, y absoudre son intimité.
Les écoles doivent être fermées aujourd'hui. Une partie de ma pensée accompagne les petits garçons en pyjama. Un temps dans le temps. Comme si la neige bloquait dans ses bras doucereux les autobus jaunes, les autos, les professeurs. Il y aura peut être le concierge qui fera des cercles sur le planchers mouillés, immenses des corridors lustrés. Peut être qu'il sera plus à son aise qu'à l'habitude, ayant une affinité particulière avec la lenteur.
Que demander de plus? Les quelques souffles profonds qui emplissent et vident l'entièreté de l'espace, accompagnent très bien le vent, l'aspiration dans le poêle à combustion lente. Le crépitement et le souffle. Un sentiment de pleignitude, le café qui s'anime au contact de l'air froid émanant des surfaces (nombreuses) vitrées.
Toute cette neige, épaisse, toute cette immobilité dans tout ce mouvement. Pas de révolution, pas de changement, que le défilement imprécis de millions de particules blanches qui sont saupoudrées de l'autre côté d'un ciel opaque. Les branches qui voletent dans tout les sens, chargées de neige. Les voitures trappées par l'hiver.
Si tout pouvait rester ainsi un long, long moment. S'il pouvait neiger sur mon esprit et avoir le même effet qu'il semble avoir sur le décor, là, au delà des vitres. Un ralenti immense qui fige le malheur, et dans cet écrin d'éblouissement, ma fibre, ce qui reste de ma substance, comme un jardin de fleurs séchées qui reprend forme, un assemblage de ses couleurs, libérées par l'apesanteur.
Ton écriture c'est comme ouvrir la porte de chez moi, il y a une familiarité dans les images qui m'émerveille. Ysan, tu peins?
RépondreSupprimerLa porte de votre chambre? Ou de votre intérieur? Les sens ici, sont dur à percer...
RépondreSupprimerPour la peinture, dans une autre vie.
En fait, Ysan dépeint.
RépondreSupprimerCarl a bien raison.
RépondreSupprimerC'est plus vaste que la chambre Ysan. Tu vois chez Carl aussi, il y a résonnance mais chez lui c'est de l'ordre de quelque chose qui existe encore, qui vit, que je comprend et qui me rassure. Sa façon de voir ou de penser me procure une joie sauvage dans ce monde brun.
Tandis que chez toi, Ysan, c'est familier, c'est comme si la construction de tes mots c'est une musique que je connais. Ton décor, ton ambiance, ta créativité c'est un langage qui fait écho. Bref je m'éparpille, c'est bon de venir vous lire Mister Ysan. ;)
C'est bon d'avoir des convives tels que vous, pour prendre le thé ou un tremblement, c'est selon...
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