Une caverne ivoirine, un blanc ¨chine¨, cette eau amère, à laquelle on a ajouté de la crème. Noyées les silhouettes, la lumière, la rue, le mouvement du temps. Quelque part, toute cette agitation me ramène contre la chaleur du ventre, ces soirs où à demi endormi, blotti contre ma mère, j’observais le monde caché au milieu des conversations. À nouveau, au milieu du tango des conversations, de l’agitation, de la machine à café, et du bruit des assiettes, je ressens cette même sensation. Cette position privilégiée d’être là sans attirer l’attention.
Toute cette activité et si peu de conscience, si peu. Je sais que les miens (mes instants de conscience), ressemblent aux taches de café qui gisent sur le napperon. Ils s’étendent sur un drap blanc et leur forme rondes imbibent la matière, leur chaleur originelle se dissipe et puis s’évapore…
J'ai l’impression que la folie, toi et moi sommes si près, que l’on pourrait baiser, se lécher, dans des étreintes si fortes que des éclairs secouraient la rue... Il suffirait de baisser le rideau de mes yeux, et de me laisser aller...Encore ta fougue. ENCORE. Encore le mélange délicieux de ta peau, de la crème glacée et de ta peau, de la crème glacée et...TOI. La vie est parfois un immense bassin dans laquelle les pieds de mon âme font des bouillons. Avec méthode, tu n'y mets que du bon. Il m'est difficile de l'admettre, mais certains types de bonheur sont comme le verglas; sa nature translucide laisse voir que la branche qui le supporte tôt ou tard se brisera sous son poids. Et aussi que, lorsque la crème glacée fond, elle salope les draps.
En attendant, avec toute cette lumière, la rue se baigne et s'ébat. La rue est comme un naufrage, la lumière fait flotter des milliers de petites boites avec dans chacune un souvenir, une photo, un soupir, une extase. Elles vont flotter et tomber au rebord du monde, qui est plat (sauf pour tes courbes). Et moi, j’ignore ce que me réserve le prochain moment, encore d’avantage ceux qui prendront sa place. Je sais que lui (le temps) n’attend pas. Alors je t’aime comme je peux, en attendant.